— Dieu nous aide et nous fasse grâce ! Ma fille, implore notre père : ce qu’il fait est bien fait, et jamais il ne nous refuse son secours. — Oh ! ma mère, ma mère ! vous vous trompez… Dieu m’a abandonnée : à quoi m’ont servi mes prières ? à quoi me serviront-elles ?
— Mon Dieu ! ayez pitié de nous ! Celui qui connaît le père sait bien qu’il n’abandonne pas ses enfants : le très-saint sacrement calmera toutes tes peines ! — Oh ! ma mère, ma mère !… aucun sacrement ne peut rendre la vie aux morts !…
— Écoute, mon enfant, qui sait si le perfide n’a point formé d’autres nœuds avec une fille étrangère ?… Oublie-le, va ! Il ne fera pas une bonne fin, et les flammes d’enfer l’attendront à sa mort.
— Oh ! ma mère, ma mère ! les morts sont morts ; ce qui est perdu est perdu, et le trépas est ma seule ressource. Oh ! que ne suis-je jamais née ! Flambeau de ma vie, éteins-toi dans l’horreur des ténèbres ! Dieu n’a point de pitié… Oh ! malheureuse que je suis !
— Mon Dieu ! ayez pitié de nous. N’entrez point en jugement avec ma pauvre enfant ; elle ne sait pas la valeur de ses paroles ; ne les lui comptez pas pour des péchés ! Ma fille, oublie les chagrins de la terre ; pense à Dieu et au bonheur céleste ; car il te reste un époux dans le ciel !
— Oh ! ma mère, qu’est-ce que le bonheur ? Ma mère, qu’est-ce que l’enfer ?… Le bonheur est avec Wilhelm, et l’enfer sans lui ! Éteins-toi, flambeau de ma vie, éteins-toi dans l’horreur des ténèbres ! Dieu n’a point de pitié… Oh ! malheureuse que je suis ! »
Ainsi le fougueux désespoir déchirait son cœur et son âme, et lui faisait insulter à la providence de Dieu. Elle se meurtrit le sein, elle se tordit les bras jusqu’au coucher du soleil, jusqu’à l’heure où les étoiles dorées glissent sur la voûte des cieux.
Mais au dehors quel bruit se fait entendre ? Trap ! trap ! trap !… C’est comme le pas d’un cheval. Et puis il semble qu’un cavalier en descende avec un cliquetis d’armures ; il monte les degrés… Écoutez ! écoutez !… La sonnette a