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difficiles : quelques-uns serpentent dans d’affreux déserts ; mais, là aussi, de temps en temps, le plaisir a semé quelques fruits pour rafraîchir le voyageur… Ne nous induisez pas en tentation, mais délivrez-nous du mal !

Adorons Dieu ! adorons celui qui fait rouler autour du soleil d’autres soleils, des terres et des lunes ; qui a créé les esprits et préparé leur bonheur ; qui sème l’épi, commande à la mort et soulage le voyageur du désert tout en le conduisant au but sublime. Oui, seigneur, nous vous adorons, car à vous est l’empire, la puissance et la gloire. Amen.



MON ERREUR


J’ai voulu longtemps les juger sur des faits et non sur des paroles, et, feuilletant les pages de l’histoire, j’y suivais attentivement les Français.

Ô toi qui venges l’humanité des peuples et des rois qui l’outragent, véridique histoire, tu m’avais fait quelquefois de ce peuple une peinture bien effrayante.

Cependant je croyais, et cette pensée m’était douce comme ces rêves dorés que l’on fait par une belle matinée, comme une espérance d’amour et de délices ;

Je croyais, ô liberté ! mère de tous les biens, que tu serais pour ce peuple une nouvelle providence, et que tu étais envoyée vers lui pour le régénérer.

N’es-tu plus une puissance créatrice ? ou si c’est que tu n’as pu parvenir à changer ces hommes ? leur cœur est-il de pierre et leurs yeux sont-ils assez aveuglés pour te méconnaître ?

Ton âme, c’est l’ordre ; mais eux dont le cœur est de feu s’animent et se précipitent au premier signe de la licence.

Oh ! ils ne connaissent qu’elle, ils la chérissent… et pourtant ils ne parlent que de toi, quand leur fer tombe