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moi de l’apprendre si tard ; mais au but j’en serai plus sûre. »

« Le voici là-bas !… Le vois-tu dans le lointain avec sa couronne ?… Oh ! ce courage contenu, cet orgueilleux silence, ce regard qui se fixe à terre tout en feu… Je le connais !

« Cependant réfléchis encore avant que retentisse la trompette du héraut… C’est moi, moi-même qui luttais naguère avec la muse des Thermopyles, avec celle des sept collines ! »

Elle dit ; le moment suprême est venu, et le héraut s’approche : « Muse bretonne, s’écrie, les yeux ardents, la fille de la Germanie, je t’aime, oh ! je t’aime en t’admirant…

« Mais moins que l’immortalité, moins que la palme de la victoire ! Saisis-la avant moi, si ton génie le veut, mais que je puisse la partager et porter aussi une couronne.

« Et… quel frémissement m’agite ! Dieux immortels !… Si j’y arrivais la première à ce but éclatant,… alors, je sentirais ton haleine agiter de bien près mes cheveux épars. »

Le héraut donna le signal… Elles s’envolèrent, aigles rapides, et la poussière, comme un nuage, les eut bientôt enveloppées… Près du but, elle s’épaissit encore, et je finis par les perdre de vue.




LES HEURES DE L’INSPIRATION


Je vous salue, heures silencieuses, que l’étoile du soir balance autour de mon front pour l’inspirer ! Oh ! ne fuyez point sans me bénir, sans me laisser quelques pensées divines !

À la porte du ciel, un esprit a parlé ainsi : « Hâtez-