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cintre métallique, dégagé de toute l’argile, luit aux yeux en étoile d’or ! comme, du sommet à la bordure, les armoiries ressortent bien aux rayons du soleil, et rendent témoignage au talent de l’ouvrier ! »

Accourez, compagnons, accourez autour de la cloche, et donnons-lui le baptême : il faut qu’on la nomme Concorde, qu’elle préside à la réconciliation, et qu’elle réunisse les hommes dans un accord sincère.

Et tel était le but du maître en la créant : que, maintenant, bien loin des futilités de la terre, elle s’élève au sein de l’azur du ciel, voisine du tonnerre et couronnée par les étoiles ! Que sa voix se mêle au concert des astres qui célèbrent leur Créateur et règlent le cours des saisons ; que sa bouche de métal ne retentisse que de sons graves et religieux ; que, toutes les heures, le temps la frappe de son aile rapide ; qu’elle-même, inanimée, elle proclame les arrêts du destin ; que ses mouvements nous instruisent des vicissitudes humaines, et, de même que ses sons viennent mourir dans notre oreille après l’avoir frappée d’un bruit majestueux, qu’elle nous apprenne qu’ici-bas rien n’est stable, et que tout passe comme un vain son.

« Maintenant, tirez les câbles pour que la cloche sorte de la fosse, et qu’elle s’élève dans l’air, cet empire du bruit. Tirez encore : elle s’ébranle… elle plane… elle annonce la joie à notre ville, et ses premiers accents vont proclamer la paix. »




LE PLONGEUR


« Qui donc, chevalier ou vassal, oserait plonger dans cet abîme ? J’y lance une coupe d’or ; le gouffre obscur l’a déjà dévorée ; mais celui qui me la rapportera l’aura pour récompense. »

Le roi dit, et, du haut d’un rocher rude et escarpé, suspendu sur la vaste mer, il a jeté sa coupe dans le