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purge de toute son écume, afin que la voix du métal retentisse pure et profonde. »

C’est la cloche qui salue de l’accent de la joie l’enfant chéri qui naît au jour encore plongé dans les bras du sommeil : noire ou blanche, sa destinée repose aussi dans l’avenir ; mais les soins de l’amour maternel veillent sur son matin doré. — Les ans fuient comme un trait. Jeune homme, il s’arrache aux jeux de ses sœurs et se précipite fièrement dans la vie… Il court le monde avec le bâton du voyage, puis revient, étranger, au foyer paternel. C’est alors que la jeune fille, noble image des cieux, lui apparaît dans tout l’éclat de sa beauté, avec ses joues toutes roses de modestie et de pudeur.

« Comme les tubes déjà brunissent ! Je vais plonger ce rameau dans le creuset ; s’il en sort couvert d’une couche vitrée, il sera temps de couler. Allons ! compagnons, éprouvez-moi le mélange, et voyez si l’union du métal dur au métal ductile s’est heureusement accomplie. »

Car de l’alliance de la force avec la douceur résulte une heureuse harmonie. Ceux qui s’unissent pour toujours doivent donc s’assurer que leurs cœurs se répondent. L’illusion est de peu de durée, le repentir éternel. — Avec quelle grâce la couronne virginale se joue sur le front de la jeune épouse, quand le son argentin des cloches l’appelle aux pompes de l’hymen ! Hélas ! la plus belle fête de la vie nous annonce aussi la fin de son printemps : avec la ceinture, avec le voile, combien d’illusions s’évanouissent ! — La passion fuit, que l’attachement lui succède ; la fleur se fane, que le fruit la remplace. — Il faut désormais que l’homme, dans sa lutte avec une vie hostile, emploie tour à tour l’activité, l’adresse, la force et l’audace pour atteindre le bonheur. D’abord l’abondance le comble de ses dons ; ses magasins regorgent de richesses, ses domaines s’étendent, sa maison s’agrandit. La mère de famille en gouverne sagement l’intérieur, elle instruit sa fille, tempère la fougue de son jeune fils, promène partout ses mains actives, et son esprit d’ordre ajoute aux biens déjà acquis ; elle remplit d’objets précieux ses armoires