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NOTICE
SUR
LES POËTES ALLEMANDS


Ce serait une erreur de croire que la littérature allemande aujourd’hui si brillante, si riche en grands noms, remonte par une chaîne non interrompue à cette vieille poésie du Nord, dont elle porte le caractère. C’est après plusieurs siècles d’imitations étrangères ou d’inspirations nationales faibles et incolores, que la poésie allemande constitua cette belle école dont Klopstock fut le premier maître, et qui, bien que s’affaiblissant depuis Gœthe et Schiller, n’a point encore cessé de produire. La véritable gloire littéraire de l’Allemagne ne date donc que de la dernière moitié du XVIIIe siècle. En remontant plus haut, on ne trouve guère qu’un seul ouvrage, le poëme des Niebelungen, qui soit digne d’exciter vivement l’intérêt.

Avant l’apparition de cette immense épopée, qui parut vers le temps de Frédéric Ier, surnommé Barberousse, on ne peut recueillir que des notions incertaines sur les premiers poëtes germains. Les ouvrages les plus anciens et les plus remarquables dont on se souvienne sont écrits en gothique ; mais cette langue cessa bientôt d’être en usage, et fut remplacée par la langue franque que parlaient les Francs qui envahirent la Gaule sous les Mérovingiens. Cette dernière fut parlée aussi en France jusqu’à Charlemagne, qui tenta de la relever de la désuétude où elle commençait à tomber, en Allemagne surtout. Il fit même faire un recueil des légendes et chants nationaux composés dans cette langue ; mais elle ne fut plus d’un usage