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Moqueries de Méphistophélès et gémissements du docteur Fauste.

Comme le docteur Fauste se tourmentait tellement qu’il ne pouvait plus parler, son esprit Méphistophélès vint à lui, et lui dit : « D’autant que tu as su la sainte Écriture, et qu’elle t’enseigne de n’aimer et adorer qu’un seul Dieu, le servir seul, et non pas un autre, ni à gauche, ni à droite, et que c’était ton devoir d’être soumis et obéissant à lui ; mais comme vous n’avez pas fait cela, ainsi au contraire, vous l’avez abandonné et renié, vous avez perdu sa grâce et miséricorde ; et vous vous êtes ainsi abandonné en corps et en âme à la puissance du diable ; c’est pourquoi il faut que vous accomplissiez votre promesse ; et entends bien mes rhythmes :


As-tu été, ainsi quoi ?
Tout bien te sera sans émoi.
As-tu cela, tiens-le bien,
Le malheur vient en un rien.
Partant, tais-toi, souffre et accorde,
Nul ton malheur plaint ni recorde.
C’est ta honte, et de Dieu l’offense.
Ton mal court toujours sans dépense.


« Partant, mon Fauste, il n’est pas bon de manger, avec des grands seigneurs et avec le diable, des cerises ; car ils vous en jettent les noyaux au visage, comme tu vois maintenant ; c’est pourquoi il te faut tenir loin de là. Tu eusses été assez loin de lui, mais ta superbe impétuosité l’a frappé ; tu as un art que ton Dieu l’a donné, tu l’as méprisé, et ne l’as pas rendu utile ; mais tu as appelé le diable au logis, et vous êtes convenu avec lui pour vingt-quatre ans, jusque aujourd’hui. Il t’a été tout d’or, ce que l’Esprit t’a dit. Partant, le diable t’a mis une sonnette au cou comme à un chat. Vois-tu, tu as été une très-belle créature dès ta naissance ; mais tout ainsi qu’un homme porte une rose en sa main, elle est passée et écoulée ; il n’en demeure rien ; tu as mangé tout ton pain,