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après lui à pied, si admirablement belle, que les étudiants ne savaient pas s’ils étaient eux-mêmes ou non, tant ils étaient troublés et transportés en eux-mêmes.

Ladite Hélène apparut en une robe de pourpre noire précieuse ; ses cheveux lui traînaient jusques en bas si excellemment beaux, qu’ils semblaient être fin or, et si bas qu’ils venaient jusques au-dessous des jarrets, au gros de la jambe, avec de beaux yeux noirs, un regard amoureux, et une petite tête bien façonnée, ses lèvres rouges comme des cerises, avec une petite bouche, un beau long cou blanc comme un cygne, ses joues vermeilles comme une rose, un visage très-beau et lissé, et son corsage longuet, droit et proportionné. Enfin, il n’eût pas été possible de trouver en elle une seule imperfection.

Elle se fit ainsi voir par toute la salle du poêle, avec une façon toute mignarde et poupine, tellement que les étudiants furent enflammés en son amour, et ce n’est qu’ils savaient que ce fût un esprit, il leur fût facilement venu un tel embrasement pour la toucher. Ainsi Hélène s’en retourna avec le docteur Fauste hors de l’étuve.


L’enfant de Fauste et d’Hélène.

Afin que l’esprit donnât du contentement au docteur Fauste avec sa misérable chair, il se présenta à lui environ la minuit, comme s’il s’était éveillé, la figure de la belle Hélène de Grèce, toute telle que ci-devant il l’avait représentée devant les étudiants, et se mit en son sein, étant une stature toute pareille d’alors, avec un visage amoureux et charmant. Comme le docteur Fauste vit cela, il se rendit son prisonnier de cœur, tellement qu’il eut amitié avec elle et la tint pour sa femme de joie, qui lui gagna tellement l’amour, qu’il n’eût pu avoir sa vue hors d’elle, et enfin elle devint grosse de lui, et enfanta un fils dont le docteur Fauste s’en réjouit fort, et l’appela Juste Fauste. Mais, comme il vint à la fin de sa vie, cet enfant s’engloutit, tout de même que la mère.