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pressentiment d’une telle félicité, je jouis maintenant du plus beau moment de ma vie.

Faust tombe, les lémures le saisissent et le placent dans le tombeau.


MÉPHISTOPHÉLÈS.

Aucune joie ne le rassasie, aucun bonheur ne lui suffit. Il s’élance ainsi toujours après des images qui changent. Le dernier instant, si vide et si méprisable qu’il fût, le malheureux eût voulu le saisir et l’arrêter. Le temps est resté le maître. Le vieillard gît là sur le sable. L’heure s’arrête…

LE CHŒUR.

Elle s’arrête ; elle se tait comme minuit.

L’aiguille tombe.
MÉPHISTOPHÉLÈS.

Elle tombe ! Tout est accompli.

LE CHŒUR.

Tout est passé !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Passé ! Un mot inepte. Pourquoi passé ? Ce qui est passé et le pur néant, n’est-ce pas la même chose ? Que nous veut donc cette éternelle création, si tout ce qui fut créé va s’engloutir dans le néant ! « C’est passé ! » Que faut-il lire à ce texte ? C’est comme si cela n’avait jamais été ! Et pourtant cela se meut encore dans une certaine région, comme si cela existait. Pourquoi ?… J’aimerais mieux simplement le vide éternel.