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FAUST, se réveillant.

Maudites cloches ! La blessure qu’elles me causent brûle comme un coup meurtrier. Devant moi, mon empire s’étend à l’infini ; derrière moi, le chagrin me harcèle et me rappelle par ces sons envieux que la source de mes richesses n’est pas pure ! La pelouse sous les tilleuls, la vieille maison, la petite église caduque, ne m’appartiennent pas… et, si je voulais aller respirer là-bas, ces ombrages étrangers me feraient frissonner ; ils sont une épine pour les yeux, une épine pour les pieds. Oh ! que ne suis-je loin d’ici !

LE VEILLEUR DE LA TOUR.

Comme la nacelle cingle joyeusement, poussée par un frais zéphyr ! Sa course rapide nous apporte des coffres, des caisses et des sacs pleins de richesses !

La nacelle arrive, chargée des productions de toutes les contrées du monde.




Profonde nuit.


LYNCÉUS, chantant sur les créneaux.


Né pour voir,
Payé pour apercevoir,
Attaché à la tour.
Le monde me charme.
Je vois au loin.
Je vois près de moi
La lune et les étoiles,
La forêt et le chevreuil.
Je vois en toutes choses
L’éternelle beauté,
Et, comme cela me plaît,
Je me plais à moi-même !
Se lever sur ce monde sombre !
Je vois des feux étincelants
À travers la double nuit des tilleuls…
Hélas ! la cabane intérieure est en flamme.
Elle qui était garnie de mousse et située en lieu humide !