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des de l’Océan, Faust se trouve le souverain d’une riche contrée habitée par un peuple paisible. Un voyageur qui jadis a fait naufrage sur ces lieux mêmes, reconnaît en passant les écueils qui brisèrent son navire, devenus aujourd’hui des rochers pittoresques ; la ligne bleue de la mer s’est reportée bien loin de là, à l’horizon. Il reconnaît néanmoins sur la hauteur qui jadis était le rivage, deux vieillards vénérables, personnages typiques formulés par les noms de Philémon et Baucis. Le vieux couple qui l’a sauvé jadis des flots lui apprend toutes les merveilles qui se sont passées depuis sa venue, et hoche la tête en parlant du nouveau maître du pays et de la prospérité chanceuse qu’il a répandue dans les environs. En effet, un palais éblouissant s’est élevé dans une nuit, de vastes forêts sont sorties de terre comme l’herbe, des maisons flottent au soleil, des canaux répandent la fécondité, et, dans tout ce pays si riche et si vaste, il n’est pas une image de Dieu, pas une cloche, pas une église ; le nom du ciel y meurt sur les lèvres. Ce n’est que sur l’ancienne terre ferme qu’une antique chapelle est restée debout encore avec sa cloche qui tinte le jour, et sa lampe qui luit dans les ténèbres.




Un palais. — Un grand parc. — Un grand canal.


FAUST, très-vieux, se promène en rêvant ; LYNCÉUS.


LYNCÉUS, le veilleur de la tour, à travers le porte-voix.

Le soleil tombe, les derniers vaisseaux entrent joyeusement dans le port. Une grande nacelle est sur le point d’arriver au canal. Les pavillons bigarrés flottent gaiement dans l’air, les mâts se dressent avec souplesse. C’est par toi que le nautonier se dit heureux ; le bonheur le salue à bon droit.

La clochette sonne sur les dunes.