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EUPHORION.

Vous êtes tous des chevreuils fugitifs ! C’est un jeu nouveau où il faut courir ! Je suis le chasseur, vous êtes le gibier.

LE CHŒUR.

Si tu veux que nous te suivions, sois moins agile ; car nous n’avons qu’un but, qu’un seul désir de récompense, c’est de t’embrasser, ô belle image !

EUPHORION.

Ah ! par les forêts, par les ronces et les rochers !… Ce qui est facilement atteint me répugne ; seulement, ce qu’il faut forcer me séduit.

HÉLÈNE et FAUST.

Quelle espièglerie ! quel tapage ! Aucune modération n’est à espérer. Il s’élance, et ses cris résonnent comme le cor à travers monts et vallées. Quel désordre ! quels cris !

LE CHŒUR, entrant isolé.

Il a passé devant nous, se riant de nous avec dédain ; de toute la foule, il amène la plus bruyante.

EUPHORION, entraînant une jeune fille.

Si je traîne ici la fière jeune fille, si je la serre contre mon sein avec délices, si je baise sa bouche, malgré sa résistance, je le fais pour montrer ma force et ma volonté.

LA JEUNE FILLE.

Laisse-moi ! Moi aussi, j’ai de la force et du courage. Ma volonté, comme la tienne, ne se laisse pas facilement forcer. Tu te fies à ton bras ? Tiens ferme, insensé que tu es, et je te brûle pour m’amuser. (Elle jette des flammes et flamboie en s’élevant.) Suis-moi dans les airs, suis-moi dans le tombeau ; cherche à attraper le but que tu as manqué.

EUPHORION, secouant les flammes.

Que dois-je faire ici, entre le rocher et la montagne