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que faire ? À quoi bon l’étincelle des plus beaux yeux ? Elle rejaillit devant vous. — Nous arrivâmes du côté du Levant ; c’en était fait de l’Occident : le premier ne savait rien du dernier, le premier tomba, le second resta debout, la lance du troisième n’était pas loin ; chacun était fortifié au centuple ; des milliers furent tués inaperçus. Nous poussâmes plus loin, nous entraînâmes tout avec violence ; partout nous fûmes les maîtres ; et là où je commandais aujourd’hui en maître, un autre vola et pilla demain. Celui-ci s’empara de la plus belle femme, celui-là du plus beau taureau ; tous les chevaux furent enlevés. Mais, moi, j’aimais à épier ce qu’il y a de plus beau, de plus rare qu’on ait jamais vu, et tout ce qu’un autre possédait n’était pour moi que de l’herbe séchée.


J’étais à la trace des trésors.
Je suivais seulement ma vue perçante ;
Je regardais dans toutes les poches ;
Tout intérieur était transparent pour moi.
Et des monceaux d’or m’appartenaient ;
Mais avant tout est la plus noble pierre,
L’émeraude mérite de verdoyer sur ton cœur.
Maintenant, balance entre l’oreille et la bouche
La gouttelette sortie des gouffres de la mer ;
Les rubis sont tout à fait éclipsés.
Le rouge de tes joues les rend pâles.
Et c’est ainsi que le plus grand des trésors,
Je le transporte ici à ta place ;
Devant tes pieds je dépose
La récolte de plus d’une bataille sanglante.
Je traîne ici bien des caisses,
J’ai encore plus de ces coffres de fer ;
Permets que je suive ta trace.
Et je remplirai ton trésor jusqu’aux voûtes.
Car à peine as-tu monté au trône.
Que déjà se courbent, déjà s’inclinent
L’esprit, et la richesse et le pouvoir,
Devant ton unique image.
Tout cela je le tenais ferme à moi ;
Mais, maintenant, malicieuse, il est ton bien ;
Je l’ai cru digne, sublime et de poids.
Maintenant, je vois que ce n’était rien.
Disparu est tout ce que j’ai possédé ;