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ment le fil prolongé du discours ? Ce sont de nombreuses histoires.

LE CHŒUR.

Nous te suivrons avec patience ! car, en t’écoutant, nous prolongeons notre vie.

PHORKYAS.

Celui qui, restant dans sa maison, garde un noble trésor et sait cimenter les murailles élevées de sa demeure, de même qu’assurer le toit contre la pluie battante, celui-là passera bien les longs jours de sa vie ; mais celui qui franchit criminellement, avec des pas fugitifs, le chemin sacré du seuil de sa porte, celui-là trouve, en retournant, l’ancienne place, mais tout transformé, sinon détruit.

HÉLÈNE.

À quoi bon ici ces sentences banales ? Tu peux raconter ; ne rappelle pas des choses fâcheuses.

PHORKYAS.

Cela est historique et n’est aucunement un reproche. De golfe en golfe, Ménélas a ramé ; Ménélas combattait en pirate, et les rivages et les îles furent traités en ennemis. Revenant couvert de butin, il entassa ces richesses dans son palais. Pendant dix longues années, il resta devant Ilion ; je ne sais combien de temps il lui fallut pour revenir. Mais que se passa-t-il ici sur la place du palais sublime de Tyndare ? Qu’est devenu l’empire tout à l’entour ?

HÉLÈNE.

Gronder est donc ta seconde nature, pour que tu ne saches point remuer les lèvres sans prononcer un blâme ?

PHORKYAS.

Tant d’années demeura abandonné le vallon montueux qui s’étend au nord de Sparte ! Le Taygète est par derrière, où, comme un joyeux ruisseau, l’Eurotas roule, et traverse ensuite largement notre vallée, le long des roseaux, où il nourrit vos cygnes. Là-bas, derrière le vallon