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LA CORYPHÉE.

La reine demeure abandonnée à ses pensées ; les jeunes filles se fanent comme le gazon moissonné. Mais, à moi, leur doyenne, il semble qu’un devoir sacré m’impose d’échanger la parole avec toi, la plus âgée des âgées. Tu es expérimentée, sage ; tu sembles être bienveillante pour nous, quoique cette jeune troupe écervelée t’ait méconnue ; c’est pourquoi, dis ce que tu crois possible pour nous sauver.

PHORKYAS.

Rien de si facile : seulement, de la reine il dépend de se conserver, et vous autres aussi qui lui appartenez. Il faut de la résolution et de la promptitude.

LE CHŒUR.

Ô la plus révérée des parques ! la plus sage des sibylles, tiens fermés les ciseaux d’or ; alors, annonce-nous le jour et le salut, car nous sentons déjà douloureusement nos jeunes membres se remuer, tressaillir, se détacher, qui préféraient d’abord se réjouir dans la danse et se reposer ensuite sur le sein du bien-aimé.

HÉLÈNE.

Laisse-les se lamenter ! Je ressens de l’affliction, mais nulle crainte ; cependant, si tu peux nous sauver, j’y consens avec reconnaissance ; pour l’esprit sage, pénétrant, au regard lointain, souvent l’impossible se montre encore possible ; parle et dis ton moyen de salut !

LE CHŒUR.

Parle ! parle ! hâte-toi de dire comment nous échapperons à ces affreux lacets qui saisissent déjà, menaçants, notre col, comme de hideux ornements. Nous le pressentons déjà, malheureuses ! c’est pour nous suffoquer, pour nous étouffer, si toi, ô Rhéa ! la mère auguste de tous les dieux, tu n’as pas pitié de nous.

PHORKYAS.

Avez-vous assez de patience pour écouter silencieuse-