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jusqu’à présent, m’assaillit fatalement reste derrière moi ; car, depuis que, sans inquiétude, je quittai cette place, pour visiter le temple de Cythère, obéissant à un devoir sacré, et que, là, un ravisseur, le Phrygien, m’enleva, bien des choses sont passées que les hommes de loin et de près aiment à se raconter, mais que celui-ci n’aime pas à entendre, de qui la tradition, en grandissant, a pris la forme du conte.

LE CHŒUR.


Ne dédaigne pas, ô femme illustre !
L’honorable possession du plus grand des biens ;
Car le plus grand bonheur, tu le possèdes seule :
La gloire de la beauté, qui s’élève au-dessus de tout.
Le héros est précédé par son nom :
Alors, il marche fièrement :
Mais le plus opiniâtre des hommes
Se soumet à la beauté toujours triomphante.


HÉLÈNE.

Ainsi, je viens ici portée par les vagues avec mon époux, et c’est lui qui m’envoie devant lui à sa ville ; mais je ne sais quelle est sa pensée, si je viens comme épouse, si je viens comme reine, si je viens comme sacrifice des poignantes douleurs du prince et pour les malheurs prolongés des Grecs. Je suis conquise, mais je ne sais si je suis prisonnière ! Les immortels m’ont singulièrement départi la renommée et la destinée, ces compagnes scabreuses de la beauté, qui sont même à ce seuil, près de moi, avec une présence sombre et menaçante. Car déjà, dans le navire profond, l’époux ne me regarda que rarement ; il ne prononça aucune parole indulgente. Il était là en face de moi, comme s’il rêvait malheur. Mais, lorsque, naviguant vers le profond rivage de la baie, les proues des navires avaient à peine salué la terre, il dit, comme inspiré par un dieu : « Ici, mes guerriers débarquent suivant l’ordre ; je les passerai en revue le long du rivage. Mais, toi, continue ton voyage le long de la rive féconde de l’Eurotas, marche en dirigeant les coursiers sur l’ornement de l’humide prairie, jusqu’à ce que tu sois arrivée à la belle plaine