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Une salle du palais.


Faust a disparu dans l’abîme du vide. Méphistophélès, qui vient de lui donner les moyens d’accomplir courageusement son épreuve, retourne près de l’empereur, qui, dans une salle richement éclairée, attend le résultat de cette fantasmagorie. Le chambellan exprime à Méphistophélès l’impatience du souverain. Réduit à un rôle secondaire, le diable semble ici chargé d’amuser le tapis en attendant le retour de l’illustre magicien. On l’accable de questions, de prières ; on lui demande des secrets de physique, de médecine, et même de toilette. Une jeune blonde se plaint des rougeurs qui tachent sa blanche peau dans la saison d’été. Méphistophélès lui donne la formule d’un onguent de frai de grenouilles et de langues de crapauds. Une brune expose piteusement son pied frappé d’un rhumatisme, qui ne peut ni danser ni courir. Le diable applique seulement son pied fourchu sur le pied de cette belle, qui s’enfuit en criant, mais guérie. Bientôt, ne sachant plus auquel entendre, le diable se dérobe à cette cohue.

Dans la salle des chevaliers, l’empereur, assis, continue d’attendre ; le héraut exprime les vœux de l’assemblée, préparée aux plus étranges apparitions. L’astrologue, qui, jusque-là, a toujours sondé l’espace, de son œil et de sa pensée, annonce enfin ce qu’aperçoit sa clairvoyance surnaturelle.




Dans le vide.


FAUST, d’un ton solennel.

J’invoque votre nom, ô Mères qui régnez dans l’espace sans bornes, éternellement solitaires, sociables pourtant, la tête environnée des images de la vie active, mais sans vie ! Ce qui a une fois été se meut là-bas dans son apparence et dans son éclat, car toute chose créée se dérobe tant qu’elle peut au néant ; et vous, forces toutes-puis-