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FAUST.

Voilà toujours ta vieille chanson. On est, avec toi, dans une incertitude continuelle ; tu es le père des obstacles, et, pour chaque remède, tu demandes un salaire à part. Cependant, cela finit par se faire, avec un peu de murmure, je le sais, et à peine on a pensé à la chose, que tu l’apportes déjà.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Le peuple des ombres païennes est en dehors de ma sphère d’activité ; il habite un enfer à lui. Pourtant il existe un moyen.

FAUST.

Parle, et sans retard.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je te découvre à regret un des plus grands mystères. Il est des déesses puissantes, qui trônent dans la solitude. Autour d’elles n’existent ni le lieu, ni moins encore le temps. L’on se sent ému rien que de parler d’elles. Ce sont les Mères.

FAUST, effrayé.

Les Mères !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ce mot t’épouvante ?

FAUST.

Les Mères ! les Mères ! cela résonne d’une façon si étrange !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cela l’est aussi. Des déesses inconnues à vous mortels, et dont le nom nous est pénible à prononcer, à nous-mêmes. Il faut chercher leur demeure dans les profondeurs du vide. C’est par ta faute que nous avons besoin d’elles.

FAUST.

Où est le chemin ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Il n’y en a pas. À travers des sentiers non foulés encore