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coffre, sa barbe et son costume prennent feu, et les courtisans, qui se précipitent pour éteindre les flammes, sont incendiés à leur tour. Le héraut, qui raconte toute cette scène au moment où elle se passe, appelle au secours de l’empereur, et maudit la mascarade imprudente. Méphistophélès, ou peut-être Faust, car l’auteur ne le nomme pas, caché sous les habits de Plutus, apaise les flammes, raille l’assemblée de sa frayeur et déclare que tout cela n’était qu’un tour de magie blanche.

Après cet intermède, l’action précédente recommence, et la cour, réunie dans des jardins, s’entretient des événements merveilleux de la fête qui vient de se passer. Ici, pour la première fois, nous voyons reparaître Faust, qui demande à l’empereur s’il est content de la mascarade. Ce dernier est enthousiasmé de ses nouveaux hôtes, et approuve fort l’idée du divertissement, qui l’avait un peu effrayé d’abord, mais qui s’est dénoué si heureusement.

— J’avais l’air de Pluton dans toutes ces flammes ! dit-il avec orgueil, et, au milieu de la foule embrasée, il me semblait régner sur le peuple des salamandres.

Méphistophélès le flatte en lui jurant qu’il s’en faut de bien peu qu’il ne règne en effet sur tous les éléments.

Soudain, le maréchal entre tout en joie, annonçant que tout va le mieux du monde ; le général vient dire aussi que les troupes ont été payées ; le trésorier s’écrie que ses coffres regorgent de richesses. Tout l’or qui roulait et ruisselait dans l’intermède semble être allé se condenser et se refroidir dans les caisses publiques.

— C’est donc un prodige ? dit l’empereur.

— Nullement, dit le trésorier. Pendant que, cette nuit, vous présidiez à la fête sous le costume du grand Pan, votre chancelier nous a dit : « Je gage que, pour faire le bonheur général, il me suffirait de quelques traits de plume. » Alors, pendant le reste de la nuit, mille artistes ont rapidement reproduit quelques mots écrits de sa main, indiquant seulement : ce papier vaut dix ; cet autre vaut cent ; cet autre, mille, ainsi de suite. Votre signature est apposée, en outre, sur tous ces papiers. Depuis ce mo-