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MÉPHISTOPHÉLÈS, paraissant soudain très-vieux.

Tout va périr ; et, moi, je m’achemine
Vers le Blocksberg pour la dernière fois ;
Déjà mon vase est troublé. Je le vois,
Le monde touche à sa ruine.


SORCIÈRE, revendeuse.

Messieurs, n’allez pas si vite ! Ne laissez point échapper l’occasion ! Regardez attentivement mes denrées ; il y en a là de bien des sortes. Et cependant, rien dans mon magasin qui ait son égal sur la terre, rien qui n’ait causé une fois un grand dommage aux hommes et au monde. Ici, pas un poignard d’où le sang n’ait coulé ; pas une coupe qui n’ait versé dans un corps entièrement sain un poison actif et dévorant ; pas une parure qui n’ait séduit une femme vertueuse ; pas une épée qui n’ait rompu une alliance, ou frappé quelque ennemi par derrière.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ma mie, vous comprenez mal les temps ; ce qui est fait est fait. Fournissez-vous de nouveautés, il n’y a plus que les nouveautés qui nous attirent.

FAUST.

Que je n’aille pas m’oublier moi-même… J’appellerais cela une foire.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tout le tourbillon s’élance là-haut ; tu crois pousser, et tu es poussé.

FAUST.

Qui est celle-là ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Considère-la bien, c’est Lilith.

FAUST.

Qui ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

La première femme d’Adam. Tiens-toi en garde contre ses beaux cheveux, parure dont seule elle brille : quand