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MARGUERITE.

Voisine, votre flacon !

Elle tombe en défaillance.




Nuit du sabbat. — Montagne de Harz. — Vallée de Schirk, et désert.


MÉPHISTOPHÉLÈS.

N’aurais-tu pas besoin d’un manche à balai ? Quant à moi, je voudrais bien avoir le bouc le plus solide… dans ce chemin, nous sommes encore loin du but.

FAUST.

Tant que je me sentirai ferme sur mes jambes, ce bâton noueux me suffira. À quoi servirait-il de raccourcir le chemin ? car se glisser dans le labyrinthe des vallées, ensuite gravir ce rocher du haut duquel une source se précipite en bouillonnant, c’est le seul plaisir qui puisse assaisonner une pareille route. Le printemps agit déjà sur les bouleaux, et les pins mêmes commencent à sentir son influence : ne doit-il pas agir aussi sur nos membres ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je n’en sens vraiment rien, j’ai l’hiver dans le corps ; je désirerais sur mon chemin de la neige et de la gelée. Comme le disque épais de la lune rouge élève tristement son éclat tardif ! Il éclaire si mal, qu’on donne à chaque pas contre un arbre ou contre un rocher. Permets que j’appelle un feu follet : j’en vois un là-bas qui brûle assez drôlement. — Holà ! l’ami ? oserais-je t’appeler vers nous ? Pourquoi flamber ainsi inutilement ? Aie donc la complaisance de nous éclairer jusque là-haut.

LE FOLLET

J’espère pouvoir, par honnêteté, parvenir à contraindre mon naturel léger, car notre course va habituellement en zigzag.