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LE MAUVAIS ESPRIT

Le courroux céleste t’accable ! la trompette sonne ! les tombeaux tremblent, et ton cœur, ranimé du trépas pour les flammes éternelles, tressaille encore !

MARGUERITE.

Si j’étais loin d’ici ! Il me semble que cet orgue m’étouffe ; ces chants déchirent profondément mon cœur.

CHŒUR.

Judex ergo cum sedebit,
Quidquid latet apparebit,
Nil inultum remanebit[1].


MARGUERITE.

Dans quelle angoisse je suis ! Ces piliers me pressent, cette voûte m’écrase. — De l’air !

LE MAUVAIS ESPRIT

Cache-toi ! Le crime et la honte ne peuvent se cacher ! De l’air !… de la lumière !… Malheur à toi !

CHŒUR.

Quid sum miser tunc dicturus,
Quem patronum rogaturus ?
Cum vix justus sit securus[2] ?


LE MAUVAIS ESPRIT

Les élus détournent leur visage de toi : les justes craindraient de te tendre la main. Malheur !

CHŒUR.

Quid sum miser tunc dicturus ?


  1. Et quand le juge s’assiéra,
    Tout ce qu’on cache apparaîtra,
    Et tout crime se vengera.

  2. Que dirai-je au maître suprême,
    Qui me prêtera son appui,
    Lorsque le juste même
    Devra trembler pour lui ?