Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

MARGUERITE.

Pas un mot. Je vais peu dans le monde.

LISETTE.

Certainement (Sibylle me l’a dit aujourd’hui), elle s’est enfin aussi laissé séduire ! Les voilà toutes avec leurs manières distinguées !

MARGUERITE.

Comment ?

LISETTE.

C’est une horreur ! quand elle boit et mange, c’est pour deux !

MARGUERITE.

Ah !

LISETTE.

Voilà comment cela a fini ; que de temps elle a été pendue à ce vaurien ! C’était une promenade, une course au village ou à la danse ; il fallait qu’elle fût la première dans tout ; il l’amadouait sans cesse avec des gâteaux et du vin ; elle s’en faisait accroire sur sa beauté, et avait assez peu d’honneur pour accepter ses présents sans rougir ; d’abord une caresse, puis un baiser ; si bien que sa fleur est loin.

MARGUERITE.

La pauvre créature !

LISETTE.

Plains-la encore ! Quand nous étions seules à filer, et que, le soir, nos mères ne nous laissaient pas descendre, elle s’asseyait agréablement avec son amoureux sur le banc de la porte, et, dans l’allée sombre, il n’y avait pas pour eux d’heure assez longue. Elle peut bien maintenant aller s’humilier à l’église en cilice de pénitente.

MARGUERITE.

Il la prend sans doute pour sa femme.