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FAUST.

Chère enfant !

MARGUERITE.

Et puis j’ai horreur depuis longtemps de te voir dans une compagnie…

FAUST.

Comment ?

MARGUERITE.

Celui que tu as avec toi… je le hais du plus profond de mon cœur. Rien dans ma vie ne m’a plus blessé le cœur que le visage rebutant de cet homme.

FAUST.

Chère petite, ne crains rien.

MARGUERITE.

Sa présence me remue le sang. Je suis, d’ailleurs, bienveillante pour tous les hommes ; mais de même que j’aime à te regarder, de même je sens de l’horreur en le voyant ; à tel point que je le tiens pour un coquin… Dieu me pardonne, si je lui fais injure !

FAUST.

Il faut bien qu’il y ait aussi de ces drôles-là.

MARGUERITE.

Je ne voudrais pas vivre avec son pareil ! Quand il va pour entrer, il regarde d’un air si railleur, et moitié colère ! On voit qu’il ne prend intérêt à rien ; il porte écrit sur le front qu’il ne peut aimer nulle âme au monde. Il me semble que je suis si bien à ton bras, si libre, si à l’aise !… Eh bien ! sa présence me met toute à la gêne.

FAUST.

Pressentiments de cet ange !

MARGUERITE.

Cela me domine si fort, que partout où il nous accompagne, il me semble aussitôt que je ne t’aime plus. Quand