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cela, son livre est plein de ces fadaises. J’y ai perdu bien du temps, car une parfaite contradiction est aussi mystérieuse pour les sages que pour les fous. Mon ami, l’art est vieux et nouveau. Ce fut l’usage de tous les temps de propager l’erreur en place de la vérité par trois et un, un et trois : sans cesse on babille sur ce sujet, on apprend cela comme bien d’autres choses ; mais qui va se tourmenter à comprendre de telles folies ? L’homme croit d’ordinaire, quand il entend des mots, qu’ils doivent absolument contenir une pensée.

LA SORCIÈRE continue.

La science la plus profonde
N’est donnée à personne au monde ;
Par travail, argent, peine ou soins,
La connaissance universelle
En un instant se révèle
À ceux qui la cherchaient le moins.


FAUST.

Quel contre-sens elle nous dit ! Tout cela va me rompre la tête, il me semble entendre un chœur de cent mille fous.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Assez ! assez ! très-excellente sibylle ! donne ici ta potion, et que la coupe soit pleine jusqu’au bord : le breuvage ne peut nuire à mon ami ; c’est un homme qui a passé par plusieurs grades, et qui en a fait des siennes.


La sorcière, avec beaucoup de cérémonie, verse la boisson dans le verre ; au moment qu’il la porte à sa bouche, il s’élève une légère flamme.


MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vivement ! encore un peu ! cela va bien te réjouir le cœur. Comment ! tu es avec le diable à tu et à toi, et la flamme t’épouvante !

La sorcière efface le cercle. Faust en sort.


MÉPHISTOPHÉLÈS.

En avant ! il ne faut pas que tu te reposes.