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belle tragédie de Gœthe, était une des plus pathétiques créations du drame moderne ; Torquato Tasso (1790) est une peinture de caractère d’une expression admirable. Il avait déjà publié quelques scènes de Faust, qui fut l’œuvre de toute sa vie. Au milieu de ces travaux littéraires, l’âme de Gœthe, entraînée par une insatiable curiosité, de plus en plus éprise des merveilleuses beautés de la nature, s’occupait avec passion d’histoire naturelle et même d’anatomie. La Métamorphose des plantes est l’un des premiers fruits de ces études ; il y démontre déjà, ce que de Gandolle croira plus tard découvrir, qu’un principe unique régit l’organisation des plantes. — La Révolution française troubla l’esprit généralement si calme et si impartial de Gœthe : il n’y vit d’abord qu’une explosion fortuite des passions humaines ; il accompagna le duc de Brunswick dans la campagne de Valmy, et put comprendre alors qu’une ère nouvelle commençait pour le monde. Il écrivit alors la Campagne de France et le Siège de Mayence ; mais il était bien plus occupé de versifier le Reineke Fuchs ou Roman du Renard, satire politique et sociale, qui fut populaire en Allemagne. — Alors commence pour le poëte l’une des périodes les plus heureuses et les plus fécondes de sa vie, celle qui a été illustrée par son amitié avec Schiller (1794-1805). Gœthe avait de l’antipathie pour les productions de Schiller, qui avaient répandu sur l’Allemagne, écrivait-il, un torrent de paradoxes sociaux et dramatiques. Mais, à Iéna, une discussion philosophique sur les transformations des plantes rapproche par hasard les deux grands poëtes, et leur amitié, désormais étroite,