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est moins naturelle, Saint-Léon eut tout autant de succès, et son influence en littérature a peut-être été plus grande ; car il a fait vraiment école : Brockden Brown en Amérique, Maturin en Irlande, se sont inspirés du merveilleux de Saint-Léon, sans parler d’une imitation plus récente de Harrison Ainsworth et de quelques compositions analogues de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France, où nous retrouvons un reflet direct ou indirect de la fiction de Godwin, soit que le principal personnage ait bu, comme Saint-Léon, l’élixir de longue vie, soit qu’il ait donné son âme au diable ou volé au juif errant son immortalité nomade.

En 1800 Godwin visita l’Irlande ; il s’y lia avec Curran, Grattan et les autres patriotes irlandais. — En 1801 il se remaria avec une veuve aimable et belle, qui le rendit père d’un fils en 1803. Ce fils est devenu aussi un romancier, et quelques-uns de ses romans ont eu le succès de ceux de son père. En 1803 Godwin publia une vie du poëte Chaucer, biographie qui prouve une grande érudition ; mais sous prétexte de peindre les mœurs du temps, le biographe sacrifie à des digressions pittoresques l’unité biographique. — En 1804 parut Fleetvood, roman inférieur aux deux premiers, quoiqu’on y reconnaisse encore la touche du maître. Après Fleetvood, ce ne fut qu’en 1817 que Mandeville rappela au public si oublieux que l’auteur de Caleb Williams écrivait encore.

Mandeville est un roman qui peut se placer à côté des meilleurs de Godwin ; mais depuis deux ans un nouveau magicien littéraire avait surpris le secret des continuels succès. Waverley et Guy Mannering étaient déjà publiés. Pendant vingt ans le grand inconnu devait laisser dans l’ombre miss Edgeworth,