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couragés par ceux qui seraient faits pour les éclairer. »

Peu de jours après cette aventure, M. Tyrrel fut fort surpris de recevoir une visite de M. Falkland. Sans autre compliment, M. Falkland débuta par exposer le sujet de sa visite.

« Monsieur Tyrrel, dit-il, je suis venu pour avoir avec vous une explication amicale.

— Une explication ! Vous ai-je offensé ?

— Pas le moins du monde, monsieur, et c’est pour cela que je crois que c’est le moment de nous entendre.

— Que diable venez-vous me dire là, monsieur ? Êtes-vous bien sûr que votre explication ne soit pas plus propre à brouiller les choses qu’à les éclaircir ?

— Je crois en être sûr, monsieur ; je me fie beaucoup sur la pureté de mes intentions, et je ne doute pas que, quand vous les connaîtrez bien, vous ne vous prêtiez volontiers à y concourir.

— Mais, mais, monsieur Falkland, nous pourrions n’être pas d’accord là-dessus. Un homme pense d’une manière, un autre d’une autre. Et puis, ma foi, je ne crois pas avoir grand sujet de me louer de vous jusqu’à présent.

— Cela peut être. Avec cela, je ne crois pas non plus vous avoir donné quelque raison de vous en plaindre.

— Fort bien, monsieur, mais vous n’avez pas le droit de venir ici me vexer. Si votre projet a été de vous divertir à mes dépens et de savoir à quel homme vous aviez affaire, Dieu me damne si vous aurez sujet de vous en applaudir.