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ravant. Par une fatalité dont je ne saurais trop rendre raison, mon imagination se portait le plus ordinairement sur les histoires des fameux voleurs, et de temps en temps je fournissais au Magazine des incidents et des anecdotes de Cartouche, de Gusman d’Alfarache et d’autres mémorables héros qui ont terminé à la potence ou sur l’échafaud leur illustre carrière.

Mais un retour sur ma situation me rendait difficile de persévérer dans ce genre de travail. Je jetais souvent ma plume dans un accès de désespoir. Quelquefois, incapable de rien pendant des jours entiers, je tombais dans une incroyable stupeur. Cependant ma jeunesse et mon tempérament robuste m’aidaient à reprendre le dessus et à m’inspirer une sorte de gaieté qui, si elle eût été durable, rendrait supportable le souvenir de cette époque de ma vie.


XXXV


Tandis que je tâchais ainsi de m’occuper et de pourvoir à mes besoins, en attendant que la violence des poursuites excitées contre moi pût être un peu calmée, je me vis assaillir par une nouvelle espèce de dangers à laquelle je ne songeais pas.