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pour se procurer différentes choses dont nous avions besoin. Après avoir remis leurs achats entre les mains de notre gouvernante, ils se retirèrent dans un coin de la chambre, et l’un d’eux, tirant de sa poche un papier imprimé, ils se mirent ensemble à examiner le contenu. J’étais dans le fauteuil à côté du feu, beaucoup mieux que je ne m’étais encore senti, quoique faible pourtant encore et languissant. Après qu’ils eurent lu entre eux pendant un temps assez considérable, ils portèrent les yeux sur moi, et puis sur le papier, ensuite sur moi encore. L’instant d’après, ils sortirent ensemble de la chambre comme pour se consulter, sans interruption, sur quelque chose que ce papier leur suggérait. Ils rentrèrent au bout de quelque temps, et mon protecteur, qui montait alors l’escalier, parut au même moment dans la chambre.

« Capitaine, dit l’un d’eux avec un air joyeux, voyez-vous ceci ? Nous avons fait une bonne trouvaille. Je crois, ma foi, que cela vaut un billet de banque de cent guinées. »

M. Raymond (c’était son nom) prit le papier et le lut. Il resta une minute sans rien dire. Ensuite il le froissa dans sa main, et se retournant vers celui qui le lui avait donné, il lui dit avec le ton d’un homme bien persuadé de la vérité de ce qu’il va dire :

« Quel besoin avez-vous de ces cent guinées ? Manquez-vous de quelque chose ? Êtes-vous dans la misère ? Voudriez-vous consentir à les acheter par une trahison ? à violer pour cela les lois de l’hospitalité ?