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est à moitié folle de peur en se voyant suspendue et balancée entre ciel et eau.

Il faut nous contenter de ces petites scènes de genre, à défaut du paysage grandiose qui nous était promis ; car il pleut, il pleut sans discontinuer. La mer et le ciel se confondent dans une même couleur grise. C’est à peine si, de temps en temps, un profil de montagne s’estompe vaguement sur notre passage. C’est mélancolique, surtout si le reste du voyage doit se faire ainsi ; car il ne faut pas oublier que nous sommes dans le Nord et que la mauvaise saison y commence. Ma seule ressource contre le froid et l’ennui, — le Geiranger est très primitif et n’a point de salon, — est de m’adosser à la cheminée du bateau et d’engager conversation avec un matelot qui se trouve là. C’est un vieux loup de mer qui, dans un jargon mélangé de norvégien et d’anglais, me raconte ses voyages. Il a fait plusieurs fois le tour du monde, et ses récits seraient certainement très intéressants s’ils étaient plus compréhensibles.

Enfin, à midi, nous arrivons à Molde, le bijou de la Norvège, une petite ville si bien