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territoires inhabités, de vrais déserts, non pas des plaines de sable à perte de vue brûlées par le soleil, comme le Sahara, mais d’immenses moraines, des éboulis dans lesquels croissent quelques pauvres bouleaux rabougris et tordus, des glaciers et des champs de neige jusque dans les vallées. Le terrain cultivé n’atteint pas un pour cent de la superficie totale. C’est précisément cette solitude qui donne du charme aux excursions en Norvège, pour le voyageur qui aime la nature dans sa beauté primitive. Là il peut se livrer sans contrainte à ses goûts, ses pensées, ses observations, tout en voyageant confortablement, s’il le veut.

D’autre part, les voyages sont singulièrement embellis par la longueur des jours et la magnificence des crépuscules pendant la belle saison. Car si la Norvège est le pays des longues nuits, — elles durent à Trondhjem vingt heures et se prolongent, plus au nord, pendant des mois, — elle est aussi le pays des longs jours, le soleil à son coucher ne descendant pas loin au-dessous de l’horizon. Rien n’égale la beauté des crépuscules ; quiconque en a joui en naviguant dans les fjords n’oubliera jamais ce spectacle, cette