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De hauts pics dénudés, sur la base desquels l’eau a laissé ses traces, dressent leurs têtes vers le ciel ; des glaciers descendent jusque dans la mer ; des cavernes s’ouvrent à notre passage ; les goëlands et les albatros, qui ont fait de ces contrées sauvages leur demeure, volent autour du navire. Le détroit franchi, on se retrouve dans une belle étendue d’eau semblable à l’un de nos grands lacs. De vertes prairies, des habitations perdues dans la verdure se présentent de nouveau à nos yeux charmés ; nous pourrions penser que nous avons rêvé les sites désolés par lesquels, il y a quelques minutes seulement, nous avons passé. On ne peut donner une plus juste idée d’un fjord qu’en le comparant au lac des Quatre-Cantons, ou plutôt à une infinité de lacs des Quatre-Cantons ajoutés les uns aux autres pour former un seul paysage maritime. Toute la variété des lacs d’Uri, d’Alpnach, les rives idylliques, les sombres forêts, le caractère grandiose et sévère des montagnes, s’y retrouvent, avec quelque chose de plus, la poésie sauvage du nord dans toute sa primitive fraîcheur, qu’il faut sentir pour comprendre et aimer le pays.