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Premier Péché

Sur le palier, je croisai un beau jeune homme, sa figure reflétait la joie de vivre, et il semblait absolument heureux. Aimait-il assez la jolie indolente qui vivait là, pour ne pas croire son cœur mort ?…

J’avais besoin de regarder la vie de tout près, et par les petites rues, je me sauvai. Une fourmilière d’enfants s’agitait là, avec des cris ravis, des pleurs désolés ; les mamans passaient, caressant l’un, tapochant l’autre. C’était la vie, ça ! Et c’était plaisir à voir, mon cœur battait de grands coups, et je sentais une surabondance de joie dans tout mon être.

Je ressentis une pitié sincère pour la pauvre âme qui, là-bas, ne sentait plus, parce que la vie lui avait trop donné ; les jouissances avaient tué chez elle, la faculté d’être heureuse. Et comme l’on comprend bien devant ces ruines vivantes que le travail est nécessaire ; il indique des devoirs, il fortifie les sentiments, il vivifie l’intelligence, donne la force à l’âme ; et au cœur, il dicte le moyen de jouir du bonheur que l’on donne aux autres, car seul il sait éloigner l’égoïsme.