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Premier Péché

rire, et brutalement leur a ôté la joie suprême des petits et des grands : l’amour de la mère !

La religieuse descend à petits pas, la grande allée ; elle s’arrête près de cette enfance brisée, et l’on voit ses yeux s’embuer de la pluie fine de son âme ; elle presse convulsivement sur ses lèvres, sa croix d’argent, puis s’agenouillant à son tour, elle ramène, sur son cœur, dans une caresse puissante, les chères affligées.

— « Mère, » dit l’aînée, familière avec ce mot exquis donné à ces douces femmes, qui ont assez d’amour pour en prodiguer à tous les êtres souffrants.

« Mère, » répète la toute petite, dans une extase baignée de larmes. « Mère ! »

Ce n’est plus sa maman, mais c’est une mère qui l’aimera, car ce mot-là est sacré, et la mignonne ne croira jamais à une profanation.

Ce seul mot a versé l’apaisement dans trois âmes !