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Telle fut la vie de Maupassant, du « tragique et inquiet Maupassant », comme disait Bourget.

Il aura passé « comme un météore ». À vingt-cinq ans, il donnait l’impression la plus magnifique de la santé et de la vie la plus exubérante. Flaubert l’appelait « le petit taureau breton ». À quarante ans, il n’était plus qu’un numéro d’asile.

C’est que, malgré ses superbes manifestations d’activité physique, Maupassant avait toujours connu des crises de vigueur et d’abattement, de force apparente et de faiblesse secrète, comme s’il couvait en lui un mal mystérieux…

Qu’on me permette ici un souvenir personnel.


J’ai connu Guy de Maupassant en 1880.

Sa mère qui souffrait d’une maladie de cœur, était venue de Nice en Corse, pour passer l’été dans la montagne, à Bastelica, non loin d’Ajaccio. Mon oncle maternel[1] lui donnait ses soins. Je la voyais à peu près tous les jours. J’étais alors un tout jeune homme épris de poésie et de littérature, et c’était pour moi un plaisir sans égal que la fréquentation d’une femme d’esprit, pleine de délicatesse, de bienveillance et profondément lettrée.

Elle me parlait sans cesse de son fils aîné, de son cher Guy.

  1. Le docteur J.-B. Folacci.