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Il peut donc être intéressant de voir comment ce mal du pessimisme colore et revêt d’une forme particulière la conception que Maupassant s’est faite du monde.

Essayons de dégager cette conception de son œuvre même.

Nous verrons comment, par une série naturelle de contradictions, le goût de vivre, le vouloir-vivre s’allie constamment chez lui au dégoût d’être, l’amour des choses et des affections humaines et des plaisirs de l’esprit à l’immense déception et à la souffrance d’en sentir l’amertume, la vanité et le néant.



L’homme est connu dans Maupassant. Dès le lendemain de sa mort, les enquêtes à son sujet se multiplièrent. Tout a été fouillé, discuté, révélé… Notre curiosité sur lui est à peu près satisfaite.

Sa biographie a été écrite en un exposé lumineux et complet, par Édouard Maynial[1], qui utilisa les documents originaux du plus haut intérêt réunis par un lettré italien, que la gloire de Maupassant a passionné, le baron Albert Lumbroso.[2]

La vie de Maupassant est d’ailleurs remplie de peu d’« événements ». Elle fut courte, d’un rythme anormal, puissant et agité.


Il naît en Normandie, à Tourville-sur-Arques, le 5 août 1850, d’une famille noble, mais de petite fortune.

Ses premières années se passent à Étretat, parmi les enfants de pêcheurs, à côté de ces petits bourgeois paysans et de ce

  1. Édouard Maynial. La Vie et l’Œuvre de Guy de Maupassant. Paris, Société du Mercure de France, 4e édition, 1907.
  2. Albert Lumbroso. Souvenirs sur Maupassant. Sa dernière maladie, sa mort. Rome, Bocca, 1905.