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CHAPITRE NEUVIÈME

« Mon cher Simon,

« Deux lignes de résumé d’abord, pou vous mettre au courant. Je ne suis pas morte, mais Polynésienne. J’ai protégé mon île d’un alligator et d’un couguar. J’ai refusé, malgré des sollicitations, d’être ma propre idole. J’entretiens un troupeau de deux cent trente-trois dieux et de dix-huit fantômes d’hommes. Un ornithorynque suit mes pas, sur lequel est posé le plus paresseux de mes oiseaux. Je vous écris parce que j’ai trouvé dans la poche d’un marin noyé nommé Rudolf Eberlein un étui plein de stylographes, et que l’encre se résorbe… Vous savez tout.

« Je vous écris d’un promontoire que j’ai décoré avec mille rondelles de nacre, comme on le fait à Londres pour les becs de gaz et les refuges qu’on