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daient de finir le pont par un barrage modeste,il me suffisait d’entrer dans un pays pour que le monarque en mourût, ou se mariât, ou entrât en conflit avec son Parlement. Ennemi de ceux qui manquent leur train, qui ne trouvent pas de place au théâtre, j’avais réglé, dès le début, mon pas sur le vrai horaire du monde. Je sus parfois à temps l’accélérer. Je rattrapai Ibsen, Gladstone sur le bord de leur tombe. Je suis le dernier Français qui ait vu Bismarck...

Dernière visite à Bismarck.

J’étais arrivé à la tombée de la nuit dans son château et j’entrai dans le jardin. Il se promenait dans la clarté de la lune et fît volte-face en entendant mes pas. J’avais mes pieds sur son ombre. Il se recula pour la dégager.

Que faites-vous ? cria-t-il.

Je ne venais pas voler. Je le lui expliquai.

— Vous me regardez comme un policier, répondit-il ; vous tenez à me reconnaître, la fois prochaine ?

Ses chiens n’aboyaient pas, ils il airaient mon manteau et remuaient la queue. Bismarck s’adoucit.

— Vous êtes le seul inconnu qu’ils aiment,