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très supérieures à leur misère. Cela peut être de la fraternité.

Andromaque.

Vous blasphémez, Hélène.

Hélène.

Les gens ont pitié des autres dans la mesure où ils auraient pitié d’eux-mêmes. Le malheur ou la laideur sont des miroirs qu’ils ne supportent pas. Je n’ai aucune pitié pour moi. Vous verrez, si la guerre éclate. Je supporte la faim, le mal sans souffrir, mieux que vous. Et l’injure. Si vous croyez que je n’entends pas les Troyennes sur mon passage ! Et elles me traitent de garce ! Et elles disent que le matin j’ai l’œil jaune. C’est faux ou c’est vrai. Mais cela m’est égal, si égal !

Andromaque.

Arrêtez-vous, Hélène !

Hélène.

Et si vous croyez que mon œil, dans ma collection de chromos en couleurs, comme dit votre mari, ne me