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ARMISTICE À BORDEAUX

France comme une vivante qui a faim, qui a soif, qui dort, qui veille, qui se trompe toujours, qui a toujours raison, qui s’indigne toujours, qui est toujours sereine, ses maîtres ont accepté qu’on lui substitue son symbole. Ils l’ont habillée et promenée en vierge noire. Ils l’ont surchargée de devoirs, de symboles avec des habitudes de symbole, l’automatisme, l’hypocrisie, avec des nourritures de symbole, la génuflexion, la phrase. Elle n’a plus été muette ou bavarde, elle a parlé par banderoles. Elle n’a plus eu ses volontés, ses faiblesses. Remontée comme un robot, elle délitait guindée et conséquente dans les consignes du monde et dans les siens ; elle était sa parodie, sa négation. Toute la vieillesse des âges avait chu en trente ans sur ce décalogue qu’aucun Dieu ne dictait

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