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pas deux voyages… Et resserrez un peu votre sac humain, vous y flottez !

Jupiter. — C’est que cela me gêne… Voilà que je sens mon cœur battre, mes artères se gonfler, mes veines s’affaisser… Je me sens devenir un filtre, un sablier de sang… L’heure humaine bat en moi à me meurtrir. J’espère que mes pauvres hommes ne souffrent pas cela…

Mercure. — Le jour de leur naissance et le jour de leur mort.

Jupiter. — Très désagréable, de se sentir naître et mourir à la fois.

Mercure. — Ce ne l’est pas moins, par opération séparée.

Jupiter. — As-tu maintenant l’impression d’être devant un homme ?

Mercure. — Pas encore. Ce que je constate surtout, devant un homme, devant un corps vivant d’homme, c’est qu’il change à chaque seconde, qu’in-