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dans une allée les cent pas avec le jardinier. Il parlait des greffes, des limaces ; le jardinier, des interpellations, des impôts. Puis, chacun ayant dit son mot, ils s’arrêtaient au terme de l’allée, le sillon de l’amitié sans doute tracé jusqu’au bout, et se regardaient un moment bien en face, clignant affectueusement l’œil et se lissant la barbe.

Alcmène. — Toujours, les amis.

Jupiter. — Et que ferons-nous, si je deviens ton ami ?

Alcmène. — D’abord, je penserai à vous, au lieu de croire en vous… Et cette pensée sera volontaire, due à mon cœur, tandis que ma croyance était une habitude, due à mes aïeux… Mes prières ne seront plus des prières, mais des paroles. Mes gestes rituels, des signes.

Jupiter. — Cela ne t’occupera pas trop ?

Alcmène. — Oh ! non. L’amitié du