Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raison, car rien ne semble devoir les accoler : un ministre qui tous les jours rend visite à un jardinier, un lion dans une cage qui exige un caniche, un marin et un professeur, un ocelot et un sanglier. Et ils ont l’air en effet complètement égaux, et ils avancent de front vers les ennuis quotidiens et vers la mort. Nous en venions à penser ces êtres liés par quelque composition secrète de leur corps.

Alcmène. — C’est très possible. En tout cas, c’est l’amitié.

Jupiter. — Je vois encore cet ocelot. Il bondissait autour de son cher sanglier. Puis, dans un olivier, il se cachait, et, quand le marcassin passait grognant près des racines, se laissait tomber tout velours sur les soies.

Alcmène. — Oui, les ocelots sont d’excellents amis.

Jupiter. — Le ministre, lui, faisait