Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jupiter. — Alcmène n’illumine pas. Elle n’est sensible ni à l’éclat, ni à l’apparence. Elle n’a pas d’imagination, et peut-être pas beaucoup plus d’intelligence. Mais il y a justement en elle quelque chose d’inattaquable et de borné qui doit être l’infini humain. Sa vie est un prisme où le patrimoine commun aux dieux et aux hommes, courage, amour, passion, se mue en qualités proprement humaines, constance, douceur, dévouement, sur lesquelles meurt notre pouvoir. Elle est la seule femme que je supporterais habillée, voilée ; dont l’absence égale exactement la présence ; dont les occupations me paraissent aussi attirantes que les plaisirs. Déjeuner en face d’elle, je parle même du petit déjeuner, lui tendre le sel, le miel, les épices, dont son sang et sa chaleur s’alimentent, heurter sa main, fût-ce de sa cuiller ou de son assiette, voilà à quoi je pense maintenant ! Je l’aime, en un mot, et je peux bien te