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teau damasquiné de l’armée norvégienne, pays où l’on sculpte, un mouchoir de pur fil, celui que l’on garde pour la blessure ou pour une rencontre, gris sur les deux faces, mais à l’intérieur tout blanc comme un livre. J’étais ému de voir Pavel croire encore, comme un simple soldat, malgré l’âge, malgré la guerre, que tout objet a deux buts — couteau ou bourse — orner, servir. Le tout saupoudré de ces grosses miettes de pain, si dures, de ces fragments de chocolat, de ces graines de riz, qui font que des moineaux se mêlent aux corbeaux pour picorer les cadavres. Le tout mélangé de ces correspondances du tramway Montparnasse, de ces bonnes aventures données par des sourds-muets et disant, au-dessous d’un dessin de taureau : Votre caractère est affable… si tristes quand on les retrouve dans sa poche à l’étranger, plus tristes encore dans les goussets des morts. Il manquait seulement le livret militaire, que Pavel avait dû déchirer le jour de la mobi-