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de Pavel. Elle découvrit le Natoire, le déroula, disparut avec lui, et au retour étendit près de moi, sur mon lit même, tout gonflés encore d’air et s’affaissant comme arrachés à un fantôme, les habits de Pavel.

Un uniforme lamentable. Un vieux pantalon, avec une jambe coupée, avec des pièces neuves comme on en met aux panneaux dans les cibles, et l’on devinait maintenant que Pavel les Allemands le visaient aux jambes. Une capote un peu plus neuve, mais délabrée aux coudes : la guerre usait les vêtements de Pavel aux mêmes places que la pension Kissling. Pavel sans doute au combat s’accoudait, comme sur la fenêtre à vitraux de Schwabing, prenait sa tête dans ses mains. Quand Miss Daniels fut partie, je fouillai cet uniforme, ainsi que je le faisais parfois d’un tué, devant les lignes, la nuit, m’étendant contre le mort, parallèle, caché par lui — et quand une douleur traversait mon côté droit, m’arrêtant une minute, rigide et la main soudain immobile dans une