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pitre, Pavel ne pardonnait jamais une phrase méchante prononcée devant lui. Enfant, alors qu’il n’avait point encore le droit de parler à table, si l’un des convives attaquait un absent, il frémissait, ses dents claquaient, il donnait tous les signes que provoque le vrai venin. Ses gouverneurs avaient dû veiller à ne jamais porter de jugements sur ses amis ; on ne condamnait point, on n’exécutait point autour de lui. Les domestiques renvoyés partaient pour cause d’héritages, de noces… Ses maîtres s’habituaient à lui parler sans rigueur des défauts, des crimes. Si l’un d’eux décrivait un péché mortel, il surveillait les yeux de Pavel, excusant le péché à la première larme, à la première pression de son âme. Les méchants donc y gagnaient. Des travers intolérables vivaient en paix autour de lui. En somme il avait ses pauvres, mais c’était la vanité, le vol et la luxure (Borel en un mot). Il était curieux de l’entendre discuter l’histoire avec Régina, qui ne voulait connaître des héros et des