Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuirassiers ; des aspirants tout roses, les joues gonflées comme ceux qui soufflent dans les clairons ; des colonels tout ronds, qui semblent chevaucher à reculons quand ils retournent la tête pour sourire aux lieutenants-colonels écarlates. Ils voient des sapeurs aux visages, aux casques polis, tous semblables et tous différents comme les lettres d’une machine à écrire ; des artilleurs fiers qui s’enlacent par les bras sur des caissons tout neufs ; mille chevaux dont chacun a les sabots cirés ; vingt mille capotes sans une seule tache ; des fourragères débordant de fourrage ; un vaguemestre débordant de journaux et de lettres ; des ambulances combles de joyeux infirmiers ; des camions surchargés de cantines neuves, et celles des officiers d’intendance sont camouflées comme des tanks ; des canons aux noms encore peints tout frais, — attention aux canons ! — aux muselières trop étroites ; pas un bras qui ne se balance comme une bielle, avec les beaux accents circonflexe à la manche