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rant vers un fleuve qui courait vers la mer. Cela se poursuivait le soir, quand je n’avais plus la force d’attendre près de ses chiens, de ses chevaux, pauvres bêtes trop mortelles, incapables par nature de l’attendre des siècles, et que je me réfugiais vers les colonnes, les statues. Je prenais modèle sur elles. J’attendais, debout, sous la lune, pendant des heures, immobile, comme elles, sans penser, sans vivre. Je l’attendais d’un cœur de pierre, de marbre, d’albâtre, d’onyx, mais qui battait et me fracassait la poitrine… Où en serais-je s’il n’y avait pas encore des heures où j’attends encore, où j’attends le passé, où je l’attends encore !

CLYTEMNESTRE. – Moi je n’attends plus, j’aime.

ÉLECTRE. – Et tout va pour toi, maintenant ?

CLYTEMNESTRE. – Tout va.

ÉLECTRE. – Les fleurs t’obéissent enfin ? Les oiseaux te parlent ?